Henri Vanhoy, tisserand, marié et père de famille, a exercé les fonctions d’imprimeur-gérant du Combat , hebdomadaire anarchiste, de janvier 1913 au 21 février 1914. Gérant, c’est sûr; imprimeur, ça l’est beaucoup moins… Tisserand chez Wattine-Danzin depuis cinq ans, Henri Vanhoy fait, un jour de juin 1913, arrêter le travail ( Le Combat, 21 juin 1913): il veut faire renvoyer un traître (je ne connais pas sa «traîtrise», la livraison du 14 manquant dans la collection reproduite par la Bibliothèque nationale de France dans Gallica). Bien entendu le directeur intervient, la discussion s’envenime, on en vient presque aux mains, et Vanhoy est renvoyé. Pour faire bonne mesure, on renvoie également un de ses fils: celui-ci aurait participé à la rédaction d’articles parus dans Le Combat , ce que le père dément. À la sortie de midi, Vanhoy interroge les ouvriers pour savoir ce qu’ils comptent faire. Nouvelle discussion, qui tourne à la réunion contradictoire sur les bien-fondés respectifs de l’anarchie et du capitalisme. Mais la police est déjà là et le travail reprend. Le traître est malgré tout renvoyé lui aussi, à la grande satisfaction de Vanhoy. Deux mois plus tard, Vanhoy a retrouvé du travail chez Bonnel, rue d’Alger. Se déplaçant dans l’usine sans permission, il a une altercation avec le fils du directeur. Racontant cette histoire dans Le Combat , Vanhoy menace: le fils Bonnel ferait mieux de faire poser des pare-navettes aux métiers qui en sont dépourvus, plutôt que d’ennuyer les ouvriers. Car lui, Vanhoy, pourrait dénoncer le fait à l’inspecteur du travail. Dans le numéro du Comba t du 20 août, Vanhoy s’en prend à nouveau au fils Bonnel. Il affirme que la profession de jésuite irait mieux à ce jeune homme, plutôt que celle de directeur d’usine, et l’invite à retourner à l’école. D’ailleurs il lui fera la leçon à la sortie du tribunal des Prud’hommes. Vanhoy, qui a quitté son travail, malgré sa répugnance à «faire appel à la soi-disant justice» n’a en effet pas hésité à citer l’entreprise devant cette juridiction. Cette entrevue n’aura pas lieu. C’est Bonnel père qui se présente à l’audience. Henri Vanhoy est cité en justice par Lehembre, rentier tourquennois, pour «diffamation et injures publiques par voie de presse». Relaxé du chef de la diffamation, pas assez caractérisée, il est néanmoins condamné par le tribunal correctionnel de Lille à une amende de 30,80 F ou 20 jours de prison, et à 100 F de dommages et intérêts pour injure publique, – «toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme pas l’imputation d’un fait» étant une injure. Ses «complices», Julien Béranger, imprimeur, et Alexandre Delescaut, colporteur du Combat , sont relaxés. On ne sait rien de plus sur Henry Vanhoy.