REBOUX Jean Baptiste, dit Jean Reboux

. Directeur fondateur du Journal de Roubaix , Jean Baptiste Reboux est le plus jeune fils de Reboux-Leroy, lequel l’a engagé à s’adonner à l’art de la lithographie, dont le développement commençait en France. A peine âgé de seize ans, il se perfectionne donc en Belgique, en Hollande et en Allemagne, et devient un graveur et un dessinateur de talent. Il arrive à Roubaix, en 1835, où l’un de ses beaux frères, Charles Hennion, a ouvert le premier atelier de lithographie de la ville. C’est à Roubaix que Jean Reboux a son avenir. D’abord installé rue Saint-Georges, il reprend ensuite, au n° 7 rue du Vieil Abreuvoir, la succession du libraire Burlinchon. Puis en 1846, il obtient le brevet de son beau frère Charles Hennion, démissionnaire. Le voici donc imprimeur lithographe et libraire… Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 entraîne l’exil d’un grand nombre des membres des comités républicains, parmi lesquels Victor Hugo. Toutes les stations frontières sont étroitement surveillées par la police qui dispose de nombreux signalements et exige des passeports. On sait à Paris les opinions indépendantes de la famille Reboux et il est fait appel au dévouement du fils des vieux légitimistes lillois. Il est alors convenu que les citoyens à qui on veut faire gagner la Belgique, viendront de Paris à Douai par le chemin de fer, qu’ils iront jusqu’à Roubaix à pied et que, munis d’une feuille portant un signe convenu, ils se présenteront chez M. Jean Reboux, qui les guidera au-delà de la frontière. A la fin de décembre 1851, et pendant les premiers mois de 1852, presque chaque soir, des suspects se présentent munis du signe convenu, et le royaliste quitte sa maison, ses affaires, et risque sa liberté et son avenir pour sauver de Cayenne ou de Lambessa ces républicains, ces socialistes qui sont reçus et hébergés à Mouscron, chez sa mère, Mme veuve Reboux-Leroy, la femme de celui dont les “libéraux” en 1832 avaient pillé la maison et conduit à l’exil le fils. De là, ils gagnent Bruxelles et l’Angleterre. La police impériale finit par se douter de quelque chose. Jean Reboux est surveillé de près et pendant toute la durée du régime, il est lui aussi un suspect. Jean Reboux sollicite l’autorisation de publier un journal d’expression politique. Après un refus faisant suite à sa demande du 20 juillet 1854, il est autorisé en mars 1856 à faire paraître une feuille littéraire et d’annonces, Le Journal de Roubaix . C’est donc au n° 20 de la rue Neuve que vint au monde ce journal, qui n’était à l’époque qu’une feuille modeste paraissant deux fois la semaine, le mercredi et le samedi. Ce n’est qu’en 1861 que Jean Reboux obtient l’autorisation de publier un journal d’expression politique, grâce à d’anciennes amitiés de son frère Charles, dont le ministre de l’Intérieur, Persigny. Jean Reboux reste cependant indépendant durant toute la période impériale.