Charles Puel fut, avec Henri Domelier, l’un des journalistes ardennais qui, en 1914, sollicités par les Allemands, refusèrent de participer à La Gazette des Ardennes, ce journal lancé à Charleville sous leur contrôle le 1 er novembre. Né à Aigues-Mortes dans le Gard en 1866 d’un père receveur-douanier, Charles Puel était journaliste au Petit Ardennais , quotidien radical-socialiste, fondé en 1880. Il n’avait pas quitté sa ville lors de l’arrivée des Allemands. Désormais en butte à leur hostilité, il chercha à gagner la France non occupée. En 1915, il s’enfuit par la Belgique et la Hollande, embarqua sur un bateau à Rotterdam qui, le lendemain de son départ, fut accosté par un sous-marin allemand. Découvert, Charles Puel fut ramené à Zeebrugge (Belgique) d’où il réussit à passer en Hollande. Gagnant l’Angleterre, il revint en France. Malgré son âge, il s’engagea dans le service sanitaire. Il ne reprit son métier de journaliste qu’après l’armistice. Sa bravoure et son engagement pour le pays ne furent reconnus qu’une dizaine d’années plus tard. En août 1928, il recevait la médaille des évadés avec citation et la croix de Guerre. L’homme était alors installé dans le Pas-de-Calais où il était rédacteur détaché à Béthune pour le quotidien Le Grand Echo depuis 1919. Il y resta jusqu’à sa retraite dans les années 1930. Regagnant les Ardennes où son épouse avait été longtemps institutrice puis directrice d’école, il s’installa à Bosseval. Journaliste au Petit Ardennais, Charles Puel avait lancé, à la fin du xix e siècle, une campagne pour aider un instituteur, devenu brasseur dans une petite ville des Ardennes, à supporter les frais d’un procès en révision. Injustement condamné en 1874 pour «crime d’incendie» par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle à 15 ans de travaux forcés, Jean-Baptiste Lefèvre avait fini par obtenir sa grâce au bout de sept ans, mais il voulait une révision de son procès. Charles Puel réussit notamment à mobiliser La Libre Pensée, la journaliste Séverine, le journal des instituteurs L’Ecole laïque… Lors de ses années passées au sein de la rédaction du Petit Ardennais, Charles Puel avait été vice-président de l’Association de la presse de l’Est. Ardent défenseur de la laïcité, il avait également éténommé officier de l’Instruction publique.