POLVENT Elisée

Du séminaire au socialisme le plus dur. Né dans le Cambrésis, Elisée Polvent est, à partir de 1880, élève au petit séminaire de Cambrai qu’il quitte, en 1885, alors qu’il est élève en rhétorique. Ancien enfant de chœur, ancien membre de la congrégation des Saints-Anges et de la conférence de Saint-Vincent-de-Paul, il va se montrer un adversaire acharné de L’Eglise et du clergé du diocèse.

Devenu publiciste, il travaille au bihebdomadaire Le Cambrésis où, selon la police, il se fait remarquer par ses articles contre l’Ancien-Régime. Après son service militaire au 1 er de Ligne, il est admis à la loge «Tolérance et liberté» de Cambrai. En 1887, il fonde à Valenciennes La Lorgnette , un «journal hebdomadaire et indépendant» dont le premier numéro sort le 3 juillet. Poursuivi, cet hebdomadaire satirique disparaît au bout de quelques numéros. La même année, Polvent publie un ouvrage d’histoire locale Clary et ses environs . En octobre 1891, il entre comme reporter au Réveil du Nord , après, semble-t-il, avoir sollicité un emploi au journal conservateur lillois La Dépêche . «Radical, selon la police, il devient socialiste puis révolutionnaire». Il connaît notamment son heure de gloire en juin 1892 en s’introduisant chez les jésuites de Mouvaux comme collaborateur d’un journal catholique. Le clergé ne se fait pas faute de dévoiler l’origine de l’instruction de Polvent. Il exerce ensuite les fonctions de secrétaire de rédaction. Pour des raisons de santé – «avoir moins de fatigue et enrayer la phtisie qui le mine depuis des années», selon la police – il quitte le Réveil du Nord le 1 er septembre 1895 pour le quotidien républicain Le Dunkerque fondé quelques mois plus tôt. Le 11 octobre 1892, pour défendre la «cause des ouvriers insuffisamment soutenue par le quotidien républicain», il lance Le Torpilleur. Organe socialiste de Dunkerque . Polvent connaît bien des déboires, il est notamment condamné pour diffamation. En février 1897, il est condamné en appel à un mois de prison 300 F d’amende et 2 000 F de dommages et intérêts pour diffamation envers Mme Chiroutre, femme du propriétaire du Nord maritime, à dix jours de prison et 300 F d’amende et 200 F de dommages et intérêts pour diffamation envers le gérant du même journal, en avril par le tribunal de Dunkerque à trois mois de prison, 1500 F d’amende et 6000 F de dommages et intérêts pour seize articles injurieux et diffamatoire envers un ancien notaire. Accusé de dissiper l’argent du Parti ouvrier, il est arrêté en plein congrès. Quelques jours avant d’être incarcéré, le 7 avril, il s’est fait rosser par le rédacteur en chef de L’Avenir de Dunkerque Tubert, au grand plaisir du Nord maritime qui ne manque pas de raconter l’anecdote. Le séjour en prison de Polvent met probablement fin à sa carrière de journaliste à Dunkerque. Le Réveil du Nord et Le Petit Calaisien refusent de soutenir Le Torpilleur qui devient «journal de potins et de cancans». Il vivote jusqu’en juin 1898 où Polvent, de retour à Dunkerque, ne peut qu’assister à la vente du matériel. Pendant la saison balnéaire, Polvent faisait paraître Le Petit Mousse . Revenu à Lille, il reprend sa place de rédacteur au Réveil du Nord et devient secrétaire général de la rédaction. La guerre le surprend dans la capitale des Flandres. Pendant l’Occupation, il entre au Service du ravitaillement des populations civiles, ce qui lui vaut plus tard la médaille d’or de la reconnaissance du gouvernement américain. En novembre 1918, il retrouve Le Réveil du Nord où il participe largement à la réorganisation des services rédactionnels. A partir de 1923, il prend en charge les rubriques «mutualiste» et «protection sociale». Son travail est récompensé, en 1929, par la médaille d’or de la mutualité, de la prévoyance et des assurances sociales. Parallèlement, Elisée Polvent se met au service de ses confrères au sein de l’Association professionnelle des journalistes du Nord dont il est syndic pendant plus de vingt ans. La retraite venue, le 1 er janvier 1930, il se retire dans son village natal de Bousies. En 1935, il y est élu conseiller municipal, puis premier adjoint. Il est également administrateur du Bureau de bienfaisance, de la Caisse des écoles et délégué cantonal. Autant de fonctions qui lui permettent d’accéder au grade de commandeur du mérite social. Maire depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, il meurt en janvier 1940. Il était l’oncle de Marcel Polvent, directeur des services du Réveil du Nord.