LESPINARD Joseph Paris de

Se disant natif du Surinam Joseph Paris, chevalier de Lespinard, est probablement originaire d’Annecy où il serait né le 23 juin 1744. Quelque vingt ans plus tard, on le retrouve à Marseille où il est codirecteur des Annonces, affiches et avis divers de Marseille et obtient son brevet de libraire. En 1769, il fonde à Aix-en-Provence les Annonces, affiches et avis divers. Première feuille hebdomadaire d’Aix qui paraît jusqu’au 13 juin 1773. Menacé d’arrestation pour violation des règlements sur la presse, il s’enfuit aux Provinces-unies et ne rentre probablement en France que vers 1776. Sa présence à Lille est attestée dès le 28 mars 1778 à l’occasion de la naissance de son fils Louis François Henry. Le 3 août 1781, il obtient l’autorisation de faire paraître un hebdomadaire, la Feuille d’affiches, annonces, nouvelles et avis divers pour la province de Flandre , vendu au prix de sept livres et dix sols l’abonnement annuel, imprimé par Lemmens. Le 1 er août 1873, le journal change de titre, devenant les Feuilles de Flandres , il est imprimé d’abord par De Boubers, puis par Lemmens. S’il rédige lui-même une grande partie de sa feuille, il bénéficie de quelques collaborations, celle de l’abbé Bouvet, aumônier du régiment de Brie, celle de Taranger, professeur à l’université de Douai, celle de Louis Beffroy de Reigny, etc. Parallèlement, Lespinard crée un cabinet de lecture dans les locaux du journal, 489, rue de l’Abbaye de Loos, aujourd’hui rue Jean-Jacques Rousseau, où l’on peut se procurer, lire ou recopier des journaux français et étrangers. En avril 1784, il crée un service postal pour distribuer son journal dans Lille et la banlieue qui fonctionne jusqu’au 30 avril 1793. Lespinard a quelques démêlées avec la censure. Le 10 juillet 1784, le Parlement des Flandres ordonne notamment la destruction du n° 70 de son journal qui est brûlé par le bourreau. Le 16 septembre 1785, Les Feuilles de Flandres rendent compte de la 14 e expérience aérostatique que Jean-Pierre Blanchard effectua le 26 août avec le chevalier de Lespinard du départ du Champ de Mars de Lille à Servon-en-Clermontois, 500 kilomètres plus loin, et que Watteau immortalisa par deux tableaux toujours exposés à l’hospice Comtesse à Lille. A cette occasion, le Magistrat de Lille lui offrit une cafetière en argent massif, œuvre de l’orfèvre lillois François-Joseph Baudoux, mise en vente en 2005 par Christie’s à Paris. En 1790, les provinces ont été supprimées au profit des départements, le chevalier de Lespinard qui a jugé plus prudent de se faire appeler Lespinard, transforme son journal en Gazette du département du Nord qui paraît trois fois par semaine, puis quotidiennement à partir du 1 er janvier 1792. Le périodique est doté de suppléments que Lespinard imprime lui-même dans son imprimerie. Dans la nuit du 5 au 6 août 1793, devenu le citoyen Joseph Paris, il est arrêté comme suspect ainsi que sa femme. Paris était le nom d’un des assassins de Louis-Michel Lepeletier, tué en janvier 1893 alors qu’il vient de voter la mort du roi. Le 26 août, La Gazette du département du Nord se termine par l’avis suivant: «Le rédacteur à ses souscripteurs. Le public n’ignore pas ma détention. J’espère qu’on ne trouvera pas mauvaise la suspension de La Gazette du département du Nord jusqu’au recouvrement de la liberté.»

Si sa femme est rapidement relâchée, Lespinard est transféré à Paris le 21 août où il est détenu pendant quinze mois. Il est libéré le 26 vendémiaire an III (17 octobre 1794), grâce aux interventions des représentants Legendre et Bourdon de l’Oise. Si en 1797, il est toujours à Paris, il quitte ensuite la France. Pour la Suisse ou les Etats-Unis?