Fils de l’avocat et homme politique Pierre Legrand, président du Conseil de la préfecture du Nord, révoqué lors du coup d’Etat de décembre 1851, puis député du Nord, Géry Legrand quitta Lille pour suivre des études de droit à Paris où il se lance dans le journalisme. A la mort de son père en 1859, il revient à Lille.
En novembre 1860, il fonde, avec Gustave Masure, un mensuel La Revue du mois auquel collabore Emile Zola. Ne pouvant obtenir l’autorisation de le transformer en journal politique, il préfère y mettre fin en 1863. Le 22 novembre, secondé par Masure et Bergeret, il lance Le Journal populaire de Lille , quotidien non politique, de petit format, vendu cinq centimes, avec lequel il a, comme il l’écrit à Zola, l’intention «de couper l’herbe sous le pied[du Petit Journal ], du moins dans le Nord, en donnant un jour plus tôt les nouvelles qu’il offre aux lecteurs». Legrand s’est fixé un objectif:«établir la situation morale et matérielle de nos populations ouvrières de Lille». Zola y tient d’ailleurs, jusqu’à sa suppression, une «Bibliographie», qui reprend les commentaires qu’il a écrits pour le Bulletin du libraire et de l’amateur de livres , publié par la maison Hachette où il est chef de la publicité. En janvier 1865, Le Journal populaire , dirigé par Alphonse Bianchi, est supprimé pour avoir traité de politique dans un article intitulé «Comment tombent les empires». Le lendemain, ce journal est remplacé par L’Echo populaire de Lille qui est supprimé en décembre 1866. Lui succède alors Le Courrier populaire de Lille qui passe aux mains de l’imprimeur Jules Petit. Le 12 juillet 1866, Géry Legrand fonde avec Gustave Masure Le Progrès du Nord qui d’hebdomadaire devient, l’année suivante, quotidien politique dont l’objectif est la chute de l’empire. En 1872, l’hebdomadaire satirique Le Diable rose dit de lui: «Géry n’est pas agressif, mais je ne voudrais pas me trouver en face de son fleuret, de sa haute taille et de son courageux sang-froid»
Conseiller municipal à partir de 1876, Géry Legrand est maire de Lille dès 1881. Il marque fortement la ville de son empreinte. Il achève le plan d’urbanisation lancé sous le Second Empire, il fait construire le palais des Beaux-Arts, il est l’artisan du transfert des facultés des Lettres et de Droit de Douai à Lille. Le 21 juin 1888, il devient sénateur et le reste jusqu’à sa mort en août 1902.