Professeur de français, conférencière et journaliste, Anne-Marie Reboux-Hottiaux prendra la succession d’Alfred Reboux, qu’elle avait épousé en secondes noces. L’acte de mariage daté du 16 octobre 1890 indique qu’elle est professeur de français. C’est donc tout naturellement qu’elle contribue au Journal de Roubaix en mettant sa plume au service de petites chroniques qu’elle signait du pseudonyme de “Pervenche”. «Tous nos lecteurs connaissent PERVENCHE pour avoir lu ses articles si finement écrits; elle y a traduit la dignité, la grandeur, la beauté du travail, elle s’est intéressée à toutes les œuvres de charité, au développement de toutes les sociétés de la région, au sort des humbles, à la situation sociale de l’ouvrière. Il n’est pas un de ses articles qui n’ait été rédigé dans un but humanitaire et social.» Au décès de son mari, Mme Alfred Reboux passe du rôle de discrète collaboratrice à celui de directrice de l’un des plus importants journaux de la région. Veuve à 48 ans, elle poursuit l’œuvre entreprise par son époux pendant près de trente ans. Elle s’affirme comme une directrice active et vigilante, et le Journal de Roubaix poursuit sa carrière de grand quotidien régional catholique et patriote. En 1914, il tire à 70 000 exemplaires. A l’arrivée des Allemands, de nouvelles rotatives venaient d’être installées dans des ateliers clairs, spacieux, munis du matériel de clicherie et d’imprimerie le plus perfectionné. L’invasion allemande entraîne le silence forcé, et le pillage du matériel récemment acquis. En 1916, Mme Veuve Reboux passe en France libre et donne une série de deux cents conférences dans les plus grandes villes de la France libre: «Elle apparaissait comme la personnification de nos provinces infortunées et frémissant sous le joug. Il faut avoir entendu cette parole si simple et si émouvante soulever une assemblée, faire couler des larmes et tirer de l’âme humaine ce qu’elle a de meilleur pour comprendre le pouvoir souverain de son éloquence.» En 1918, cinq heures après le départ des Allemands, le Journal de Roubai x reparaît avec des moyens de fortune. Dès 1919, le récit complet des quatre années d’occupation est édité comme un tragique feuilleton, d’abord dans les pages du quotidien, puis dans celles du Dimanche du Journal de Roubaix , un supplément hebdomadaire. Après l’armistice, elle fonde l’Œuvre de la livre de laine dont l’appel est entendu dans toute la France, qui envoie des petits paquets de laine destinée à constituer des matelas. Toutes ces activités lui valent d’être élevée à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur le 12 août 1928. Elle est directrice du Journal de Roubaix jusqu’à sa mort, intervenue en 1934.