Né d’une famille cambrésienne aisée, profondément marqué par la guerre, Maurice Henry décide d’échapper à son milieu bourgeois. Il rencontre, Arthur Harfaux, Roger Daumal, Roger Vaillant et Roger Gilbert-Lecomte avec lesquels il fonde la revue Le Grand Jeu (trois numéros parus), qui voulait représenter « une folle tentative pour redonner un sens à un monde qui n’en avait plus » . En 1929, il se fait journaliste au Petit Journal pour gagner sa vie, tout en pratiquant le dessin d’humour. En 1932, le groupe se dissout et rejoint Breton, pour participer aux activités du groupe surréaliste, et Henry collabore à la revue Le Surréalisme au service de la révolution. Henry tenait une chronique régulière de critique cinéma depuis ses débuts dans la presse. En 1940, Harfaux et lui créent une société, les «Gagmen associés». Ils participeront à une vingtaine de films, parmi lesquels Madame et le mort de Louis Daquin, 120 rue de la Gare , d’après Léo Malet, Coup de tête , Les Aventures des Pieds Nickelés , Bibi Fricotin , Au petit bonheur et L’Honorable Catherine de Marcel L’Herbier, en qualité de gagmen ou scénaristes jusqu’en 1951. Après la Seconde Guerre, Henry recommence à dessiner. Déçu par la façon de ses dessins sont reçus, il décide de se consacrer uniquement à la peinture à la sculpture et aux collages sur la fin de sa vie. Maurice Henry a publié dans de très nombreux journaux ( France-Observateur, Le Figaro, L’Os à moelle, Combat, Paris-Match, Les Lettres nouvelles, Bizarre …), certains dessins étant repris dans la presse régionale. Entre 1930 et 1984, Maurice Henry aurait produit près de 25 000 dessins, publiés dans 150 journaux et une vingtaine d’albums. Pour caractériser son œuvre, citons simplement un avis de Jean Cocteau : « Les caricatures charmantes de Maurice Henry puisent leur force dans un contraste entre une sorte de conformisme du dessin et la fraîcheur de la légende. Le rire est provoqué par cette chute de la réalité dans le rêve. C’est un réflexe tout neuf de notre époque . » Maurice Henry a reçu le Grand Prix de l’humour noir en 1975 et le Grand Prix national des arts graphiques en 1983. Cet artiste polyvalent, ami de Breton, Dalí, Picasso et Cocteau, est mort à Milan en 1984.