GAILHABAUD, Jules

De 1830 à 1839 Jules Gailharbaud dirige le commerce familial de textile à Lille puis à Paris. Il commence à réunir, dès le début des années 1830, livres, manuscrits et gravures en rapport avec l’histoire de l’architecture, notamment parisienne, et consacre sa fortune pendant plus de vingt ans à la publication d’une immense œuvre. Il conçoit, en effet, avec trois ouvrages distincts, une véritable encyclopédie de l’architecture, richement illustrée de gravures. Le premier, Monuments anciens et modernes , est diffusé en deux cents exemplaires de 1840 à 1850. Chaque livraison est constituée d’une succession de notices composées de plusieurs planches monumentales et d’un commentaire assez court. En 1844, il fonde la Revue archéologique qu’il dirige trois mois. En 1845, il crée la revue Bibliothèque archéologique, ou Recueil de documents sur l’histoire, l’archéologie, qu’il publie jusqu’en 1846. En septembre 1850, il publie les quatre tomes de son ouvrage Monuments anciens et modernes. En 1866, il vend à la Ville de Paris sa bibliothèque (25 000 gravures, 1 500 dessins et 8 500 manuscrits et imprimés), moyennant 125 000 francs et un emploi à vie. De 1866 à 1871, il est en conséquence fonctionnaire à la section des Travaux historiques de Paris. En 1867, il est chargé de la création du musée de l’Ustensillage, devenu plus tard, sur un tout autre concept, musée Carnavalet. Organisant les salles de la même manière qu’il a constitué ses séries monumentales, c’est-à-dire dans un but pédagogique avec une présentation chronologique puis thématique, constituant une «véritable encyclopédie de la vie quotidienne des Parisiens depuis la Renaissance» et annonçant le musée des Arts et Traditions populaires, Gailhabaud cherche à intéresser un large public. Aussi le musée connaît-il un vif succès sous la Commune, car le désir d’offrir une éducation artistique aux catégories sociales les moins cultivées trouve un écho dans les idéaux des communards. Cependant Gailhabaud est sacrifié avec son musée le 15 septembre 1871, par la première Commission des beaux-arts de la III e République. On l’accuse d’avoir «dénaturé l’idée première du musée et créé, par l’irrégularité de sa gestion, les plus graves embarras à l’administration municipale». En 1871, sa bibliothèque sera détruite dans l’incendie de l’Hôtel de ville. De 1877 à 1888, il subsiste grâce à des indemnités littéraires du ministère de l’Instruction publique.