FERRE Emile

Lorsqu’il arrive au Grand Echo du Nord de la France à Lille, Emile Ferré a déjà, malgré son jeune âge, multiplié les expériences dans la presse. Le fils du facteur rural de Levroux dans l’Indre, Paul Alexandre Ferré, et de Julienne Caroline Fauchais y a fait ses débuts, en 1883, comme correcteur d’imprimeur à Châteauroux, tout en collaborant, par diverses chroniques et critiques littéraires, à plusieurs journaux du Centre de la France. Après une année passée à Paris, il collabore au Démocrate du Loiret à Orléans, puis devient rédacteur principal au Progrès du Loiret. En 1886, il entre à L’Avenir de la Mayenne à Laval, comme secrétaire de direction. Deux ans plus tard, il est rédacteur en chef du quotidien Le Ralliement et de l’hebdomadaire L’indépendant de l’Ouest à Angers. Le 28 octobre, il se marie avec Jeanne Marguerite Kavanagh, fille du directeur de L’Avenir de la Mayenne. En 1889, il est rédacteur en chef du Phare de la Manche à Cherbourg où il reste jusqu’en 1893. Cette année-là, Hippolyte Verly, codirecteur et rédacteur en chef du Grand Echo du Nord étant sur le départ, Emile Ferré rejoint le quotidien lillois où il est rédacteur principal et éditorialiste puis rédacteur en chef. Républicain modéré, partisan de l’ordre et de la défense sociale, il défend avec acharnement la politique d’Alexandre Ribot et de Jules Méline qui préside l’un des plus longs ministères de la III e République. Il combat avec la même conviction le socialisme. Emile Ferré n’hésite pas à cumuler les fonctions, Dans son dossier de légionnaire, on trouve un curriculum vitae, non daté, mais probablement établi en 1910 avant sa nomination comme chevalier de la Légion d’honneur, il y signale être copropriétaire de L’Avenir de la Mayenne, du Patriote de Bretagne édité à Vitré, du Progrès de Château-Gontier et copropriétaire de l’imprimerie moderne à Laval. Resté à Lille durant la Première Guerre, il tente de s’opposer à l’impression du journal allemand, la Liller Kriegszeitung sur les presses du Grand Echo du Nord . Emprisonné à la citadelle de Lille, il est ensuite emmené comme otage en Lituanie. Au camp de Millejgany, il rédige, pour soutenir le moral de ses compagnons, L’Echo du Nord… et des steppes , journal manuscrit dont il lit les articles du haut d’un châlit. Lors de sa libération, il revient à Lille où, au lendemain du départ des Allemands, il sort, sur un format réduit, le premier numéro de la Délivrance de L’Echo du Nord . De l’occupation et de sa captivité, Emile Ferré tire plusieurs récits dont un ouvrage Croquis d’occupation. Vie intime et anecdotique de Lille de 1914 à 1918 , paru chez Taillandier, et un reportage publié par L’Illustration et couronné par le prix Montyon. En 1921, il est associé à la direction du journal. Avec Gustave Dubar puis, après sa mort, avec le fils de ce dernier, il dirige le plus important quotidien de la région jusqu’en 1939, date à laquelle il prend sa retraite. Membre du conseil d’administration à partir de 1930, il le reste jusqu’à sa mort. La longévité de sa carrière, sa fidélité au titre lillois et ses fonctions lui valent d’être associé à toutes les transformations d’un journal dont le tirage passe de 100000 exemplaires, avant la Première Guerre, à quelque 330000 exemplaires, en 1933. Il est également partie prenante tant dans les importants travaux que connaît le bâtiment du Grand Echo du Nord en 1908 que dans la construction à partir de 1934 du nouvel «hôtel » dont la façade domine toujours la Grand’Place de Lille.

Très impliqué dans la vie régionale, Emile Ferré l’était également dans la profession. Il présida, pendant plusieurs années, l’Association professionnelle des journalistes du Nord, puis l’Association de la presse républicaine départementale de France à partir de juin 1926. Il fut également vice-président du Comité général des Associations de presse.Titulaire de plusieurs décorations, il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur en août 1929.