D’abord employé de préfecture, Alfred Esparbié arrive dans le Nord en 1845 où il fait ses premiers pas dans le journalisme à L’indépendant du Nord édité à Maubeuge. Il est ensuite rédacteur en chef du Journal de Lille de Danel qu’il quitte en 1847 pour devenir directeur des théâtres à Rouen. Ayant fait, selon la police, de mauvaises affaires, il revient au journalisme. On le retrouve ainsi collaborant à plusieurs quotidiens parisiens La Vérité, La Patrie, Le Pays , puis, à La Liberté à Arras jusqu’au 25 mai 1849. Alfred Esparbié se fixe ensuite à Lille où il reprend sa place au Journal de Lille , remplacé en 1857 par Le Mémorial de Lille , journal créé pour soutenir la politique impériale. En 1867, Esparbié en est nommé rédacteur en chef. Pourtant la police ne lui accorde guère de crédit, il ne jouirait «d’aucune considération personnelle» et ne serait qu’un «écrivain sans talent». Un jugement que contredit L’Echo du Nord qui, à plusieurs reprises, écrit que, bien que ne partageant «aucune des idées de M. Esparbié, on ne saurait nier son talent.» Dans une rédaction limitée à quelques personnes, Esparbié signe ses articles politiques de son nom et diverses chroniques des pseudonymes André Boni ou Louis Bignon. En 1872, Le Diable rose dit de lui «Esparbié a un air bon enfant, auquel il ne faut pas trop se fier.» En tout cas, il montre beaucoup de persévérance pour sauver son journal quand, après 1870, il se retrouve en mauvaise posture. Après la chute de Napoléon III, Le Mémorial de Lille poursuit la même ligne politique favorable à l’Empire et voit son lectorat fondre. En 1873, la rédaction est licenciée et, malgré l’action en justice portée par Esparbié, en mai 1873, la société éditrice est dissoute. Lors de la vente du journal en septembre, il parvient à en devenir propriétaire. Victoire probablement de courte durée. Finalement Alfred Esparbié quitte Lille et meurt en 1876. Romancier et auteur dramatique, il a signé plusieurs ouvrages. Quant au Mémorial de Lille, il est racheté, en 1883, par Reboux qui le fusionne avec Le Propagateur du Nord et du Pas-de-Calais pour créer La Dépêche.