DUBAR Jean

Fils de Gustave Dubar, Jean Dubar est né le 8 septembre 1897 à Lille. Elève au lycée Faidherbe, il est bachelier, puis poursuit des études de lettres tout en suivant les cours d’une école de commerce. En 1916, il est mobilisé au 82 e RIA et, à sa demande, part au front jusqu’à l’armistice. Il fait partie de l’armée d’occupation comme brigadier interprète jusqu’à sa démobilisation en août 1919. Sa conduite est récompensée la croix du Combattant. Entré à L’Echo du Nord, il participe à la relance du journal qui, durant la guerre, avait été occupé par les Allemands qui y publièrent notamment la Liller Kriegszeitung . Nommé directeur en 1921, il s’attacha à la modernisation du quotidien lillois. De nouvelles rubriques sont créées, l’information locale développée, le quotidien se veut également un animateur de la vie régionale par l’organisation de manifestations économiques et sociales: exposition des petits inventeurs et artisans, concours du plus bel épi de blé, épreuves sportives, etc.

Parallèlement, il occupe plusieurs fonctions nationales, il est notamment membre du Syndicat des quotidiens régionaux, de la Commission exécutive de la Fédération nationale des journaux français, membre de la Commission paritaire des papiers de presse et d’édition. Il est par ailleurs administrateur du Crédit du Nord. Ses nombreuses activités lui valent d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1933.

A la même époque, Jean Dubar dote notamment son quotidien d’un splendide hôtel de style néoflamand. Homme aimant l’art, il a fait appel à l’architecte Ernest Willocquieaux, secondé par l’architecte Laprade et le dessinateur Bazin. La façade du bâtiment est décorée des blasons des principales villes du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Aisne et de la Somme et est surmontée de la statue des Trois Grâces, symbolisant les trois anciennes provinces du Nord-Pas-de-Calais, signée Raymond Couvègnes. Des bureaux ont été décorés par Eugène Prinz tandis que la salle de réception du sixième étage est l’œuvre de Laprade. L’imprimerie s’installe dans des bâtiments de l’autre côté de la rue Saint-Nicolas. Véritable profession de foi en l’avenir de la région, ces locaux, à peine terminés, sont inaugurés en juillet 1936.

Après la déclaration de guerre, Le Grand Echo du Nord et son édition du soir L’Echo du Nord paraissent jusqu’au 17 mai 1940 où ils sont remplacés par un bulletin d’informations régionales commun au cinq quotidiens qui paraissaient à Lille. Rentré à Lille après l’armistice, Jean Dubar obtient l’autorisation de faire reparaître son journal, sous contrôle de l’occupant, à partir du 1 er août 1940. Mécontents de la ligne éditoriale du quotidien qui ne s’engage pas franchement dans la collaboration, les Allemands imposent, en juillet 1942, à Jean Dubar un directeur politique, Charles Tardieu. Désormais, celui-ci prône la collaboration, s’en prend aux résistants, aux alliés et à l’URSS. En août 1944, Jean Dubar qui n’avait plus qu’un rôle administratif est définitivement écarté du journal par les Allemands. Durant cette période, il a bien tenté de faire paraître un journal clandestin, Nord-Libre, mais trop tardivement. A la veille de l’arrivée des Anglais à Lille, il fait paraître une édition spéciale, Le Véritable Grand Echo, dans laquelle il tente de justifier l’attitude de son journal pendant l’Occupation. Le second numéro est interdit par le nouveau commissaire de la République, Francis-Louis Closon. Conformément aux ordonnances du général de Gaulle sur la presse, tous les journaux qui avaient continué de paraître sous l’Occupation sont suspendus. Dès le 3 septembre 1944, les locaux du Grand Echo sont occupés par La Voix du Nord et Liberté qui sortent de la clandestinité. En décembre 1944, commencent dans la région les procès de presse. D’abord celui de l’éditorialiste du Grand Echo qui échappe à la mort. En décembre 1945 a lieu celui du Grand Echo et de ses dirigeants. Jean Dubar est condamné à cinq ans de travaux forcés, à la déchéance de nationalité. Quelques années plus tard, sa peine est commuée à quatre mois de prison. Dès lors Jean Dubar n’a de cesse que d’obtenir sa réhabilitation. Il lui faut attendre 1964 où le jugement est cassé et l’Etat est condamné à un franc de dommages et intérêts. Eloigné de la presse, il dirige alors une imprimerie la SILIC. Il meurt à Marcq-en-Barœul, dans la banlieue lilloise, le 14 mars 1968 à l’âge de 71 ans.