DREYFUS Georges Gaston

« Je suis grand, 1,80 m. J’ai des redingotes trop longues et des cheveux trop courts. J’ai toujours manqué de toupet. Je fume comme une cheminée, joue de la mandoline et fais des revues. » Ainsi se présente Jeandouzy, né Gaston Dreyfus, à La Vie flamande illustrée au moment de quitter le journalisme en 1903. S’il ajoute : «J’ai tellement cette profession dans le sang que même en plantant mes choux, j’en arracherai les feuilles pour les faire imprimer.J’ai un journal dans le ventre», sa carrière journalistique ne fut pourtant pas très longue. Après de brillantes études au lycée de Saint-Omer, Gaston Dreyfus s’inscrit à la faculté de droit de Lille. A une carrière juridique, il préfère le journalisme et entre au Mémorial artésien qu’il quitte pour le quotidien lillois Le Grand Echo du Nord . Il y est reporter jusqu’en avril 1895 où il aurait été, selon la police, remercié «pour indolence» alors que la direction semble se féliciter de son travail, Gustave Dubar n’est-il pas le témoin de son mariage? C’est à cette époque, à la suite de la condamnation et de la dégradation du capitaine Dreyfus pour espionnage au profit de l’Allemagne, que Gaston Dreyfus, qui appartient «à une famille catholique», demande au ministre de la Justice l’autorisation de changer son patronyme contre celui de Deraimont. Il faut croire qu’il n’eut pas gain de cause, mais quelque temps plus tard, il sera surtout connu sous celui de Jeandouzy. Ce nom lui a probablement été inspiré par le nom de jeune fille de sa femme, Jeanne Landouzy, qu’il a épousée en mai 1894 à Lille. Dreyfus-Jeandouzy sollicite la direction du Courrier populaire de Lille, mais ne réussit, toujours selon les termes de la police, à y entrer qu’«à titre d’amateur […] où il ne fait pas grand’chose». La police qualifie, alors, joliment ce républicain de conviction de «journaliste impartibus». En octobre 1898, il est embauché au Progrès du Nord où il devient chef des informations locales et même administrateur. A la surprise de tous ses confrères, il annonce, en juin 1903, abandonner le métier « un peu surmené par dix ans de profession […] où il avait marqué sa place de façon originale », ironise le Grand Echo . En 1904, on le retrouve pourtant comme rédacteur en chef de La Vie lilloise, journal mondain et théâtral lancé en 1901 comme supplément du Nord illustré . S’il ne s’éloigne pas du milieu de la presse, donnant notamment plusieurs « fantaisies » (poèmes, contes ou portraits) dans le quotidien sportif L’Auto , le journalisme n’est plus son activité principale : en 1909, il entre au secrétariat de la mairie de Lille dont il devient secrétaire adjoint trois ans plus tard. Il continue pourtant d’appartenir à l’Association professionnelle des journalistes du Nord. Lors de l’assemblée générale d’avril 1914, il propose même la création d’une Maison des journalistes, mais la guerre a raison du projet. Jeandouzy est également auteur de revues qui se taillent un beau succès à Lille : Ferme ta Deûle, Lille décorée, Citoyens, on vous trompe ! … de chansons dont L’Tarte à prones . En 1913, il est nommé officier d’Académie.