Henri Auguste d’Halluin dit Dorgères est né le 6 février 1897 à Wasquehal où son père était boucher. Il poursuit ses études grâce à une bourse au lycée de Tourcoing. Très actif à l’encontre des occupants allemands, durant la Première Guerre mondiale, Henri d’Halluin est arrêté plusieurs reprises. Emprisonné à la forteresse de Bruges (4 février 1918), il s’en évade le 4 octobre et, à la faveur du désordre, il regagne les lignes alliées ce qui lui vaut la Croix de guerre (1914-1918). Après un baccalauréat ès-lettres, il suit pendant deux ans des études de droit.
Obligé de gagner sa vie, il abandonne ses études pour entreprendre une carrière de journaliste. En 1921 il se marie, à Lille, avec Cécile Cartigny, et entre comme rédacteur au Nouvelliste de l’Ouest à Rennes, un journal conservateur. En 1922, il s’installe définitivement en Ille-et-Vilaine, et y découvre les difficultés de la condition paysanne dont il devient un défenseur convaincu. A partir de 1925, Henri d’Halluin est directeur du Progrès agricole de l’Ouest dont il fait un important journal professionnel. C’est alors qu’il prend le pseudonyme de Dorgères pour signer ses articles. Homme de plume, il est aussi un homme d’action considéré comme un des militants d’extrême droite les plus connus de l’Ouest. Autour du Progrès agricole , il organise des mouvements d’action paysannecomme le «Comité de défense paysanne contre les assurances sociales» créé en 1929. Suivent les mouvements du Front paysan, de Défense paysanne, des Jeunesses paysannes puis des Chemises vertes. Il devient en 1935 secrétaire général de la Ligue des paysans de France et en 1936 délégué à la propagande du Syndicat agricole de défense paysanne. Mobilisé en 1939, prisonnier en 40, évadé, membre influent de la Corporation paysanne où il devient conseiller national, il fut décoré de la francisque par le maréchal Pétain. Il lance en mars 1941 la collection des Dossiers de documentation de la presse syndicale paysanne , publication qui se poursuit avec régularité jusqu’en août 1944. Arrêté par les Alliés en août 1944 et emprisonné à Paris, il est condamné à dix ans d’indignité nationale. Amnistié pour services rendus à la Résistance, il est libéré le 26 avril 1946. En 1948, il lance son nouveau mouvement Défense paysanne, édite La Gazette agricole imprimé à Rennes puis à Reims dont il est le gérant et le seul rédacteur. Elle draine 25 000 abonnés et tire à 40000 exemplaires. Il engage sa lutte sur des créneaux négligés par la FNSEA et est fortement implanté dans l’Ouest. Dans le Nord-Pas-de-Calais où il a quelques bastions, il est financé par les betteraviers. Il passe à l’action politique et est élu député de l’Ille-et-Vilaine de 1956 à 1958 sur les listes poujadistes mais il a perdu de son influence. Inculpé de très nombreuses fois par la justice française, auteur de très nombreux articles et de plusieurs ouvrages dont Au temps des fourches , une autobiographie et Haut les fourches. Il meurt le 22 janvier 1985 à Yerres dans l’Essonne.