DESSAINT Joseph Rémy

Fils d’Edmond Amant Ferdinand Dessaint, greffier de la justice de paix, et d’Aricie Marie Asselin, Joseph Dessaint est né le 14 mars 1868 à Doullens dans la Somme. En décembre 1888, il crée un hebdomadaire Le Petit Doullennais qu’il laisse à son frère Charles (1874-1941). Il devient alors rédacteur en chef du quotidien républicain l’Avenir de l’Arras jusqu’en 1905. Durant cette période, il milite au sein de l’Alliance républicaine démocratique dont il est l’un des délégués, des conférenciers et des rédacteurs de son bulletin hebdomadaire. En 1905, il rompt avec l’Alliance à qui il reproche, selon l’expression de Rosemonde Sanson, «son suivisme çà l’égard de Combes». Joseph Dessaint entre à l’hebdomadaire amiénois Le Progrès agricole. Membre du comité central de la Ligue pour la représentation proportionnaliste, il organise plusieurs congrès dans le Nord-Pas-de-Calais et la Somme. Mobilisé pendant la Première Guerre, il sert comme adjoint d’intendance. Ayant repris sa place au Progrès agricole, il en devient l’un des principaux éditorialistes. Dans ses écrits, il défend l’agriculture, dénonce le pacifisme, le syndicalisme et le socialisme qui font «triompher le droit à la paresse». Ronald Hubscher le décrit comme un «polémiste vigoureux [qui] pourfend les théories collectivistes et professe une germanophilie frisant l’hystérie». En 1925, il est condamné, ainsi que trois de ses confrères du Progrès agricole à 1000 F d’amende pour ses articles contre l’emprunt-or lancé par Joseph Caillaux. Lors de la création de la MCP (Masse de combat des paysans) par Le Progrès agricole , Dessaint organise des conférences pour rallier les paysans de Picardie, du Nord, de la Bretagne… Parallèlement, il devient secrétaire général de la rédaction de la Presse régionale, groupement de journaux catholiques. Durant l’Occupation, il se montre «le défenseur sourcilleux de la droite traditionnelle, notamment dans le domaine de la corporation paysanne». En 1942, au moment où les Allemands exigent des quotidiens du Nord-Pas-de-Calais un engagement en faveur de la collaboration, il est choisi comme éditorialiste par le conseil d’administration du Courrier du Pas-de-Calais. Sans jamais venir à Arras, il livre quelque deux cents éditoriaux où il s’en prend aux alliés et à la Résistance, prône la collaboration. Joseph Dessaint meurt trois mois après la Libération du Nord-Pas-de-Calais, le 5 janvier 1945, et ne sera donc pas poursuivi. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment de La Représentation proportionnelle (1910), Les Conservateurs républicains et leur mission, d’après Auguste Comte (1914), Les enseignements de la guerre (1916). Il était membre de plusieurs associations dont les Rosati de Picardie.