Docteur en sciences de l’information, Henri Deligny, journaliste, enseignant, écrivain, cultivait bien des talents.
Né en avril 1930, à Roubaix, il a débuté vingt ans plus tard à La Voix du Nord comme simple rédacteur à la locale de Lille. Il devint par la suite adjoint au chef de l’édition locale. En 1968, il était affecté comme journaliste parlementaire à la rédaction parisienne du quotidien lillois. Il est passé ensuite au journal Le Monde , quotidien pour lequel il avait travaillé comme correspondant régional pendant plusieurs années en même temps qu’il donnait des cours à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille.
Journaliste d’investigation, très rigoureux dans ses enquêtes, il multiplia les articles sur les luttes régionalistes, établissant le lien entre les conflits sociaux, le combat identitaire des écolos de l’époque et l’émergence d’une sensibilité des provinces face au parisianisme des élites.
C’est ainsi qu’il fut embauché au Canard Enchaîné en 1972 afin de mettre en valeur, sous la signature d’Hervé Terrace, le combat des paysans du Larzac, exemplaire des luttes engagées contre le modèle de la société industrielle et l’emprise de l’armée sur les terres du Causse. Licencié de l’hebdomadaire satirique en juillet 1975, à la suite d’une altercation avec le directeur, il partit animer le journal Gardarem lo Larzac avant de revenir s’installer dans le Val de Loire. Henri Deligny avait publié en 1961 un roman sur la vie des appelés en Algérie, intitulé H S , qui fut interdit à l’époque par le ministère de l’Intérieur pour «atteinte au moral de l’armée» et aussi en 1977, une biographie sur Jacques Chirac: La Fringale du pouvoir aux éditions Alain Moreau.
Sa thèse en sciences de l’Information à l’Université de Paris IV (CELSA), soutenue en 1986, était consacrée à « l’idéologie du métier» un discours des journalistes sur leur formation professionnelle.