DEGEORGE Frédéric

Fils d’un adjudant major de l’armée de Hoche et d’une Béthunoise, Frédéric Degeorge naît le 12 septembre 1797, probablement en Westphalie. Enrôlé à seize ans dans le 2 e régiment d’infanterie de ligne, il fait les campagnes de 1814 et de 1815. Les Bourbons rentrés en France, il quitte l’armée et regagne Béthune. En 1819, il commence son droit à Paris. Opposant aux Bourbons, il est exclu de la faculté pour avoir participé à une manifestation contre le changement de loi électorale accordant le double vote aux plus fortunés. Membre de la Charbonnerie, il est notamment impliqué, en 1823, dans une conspiration visant à soulever les soldats de l’expédition d’Espagne contre le régime, et doit s’enfuir en Angleterre. Le 24 mars 1824, il est condamné à mort par contumace par la cour d’assises de Saint-Omer Réfugié à Londres, Frédéric Degeorge donne des cours de français, collabore aux journaux Le Globe et La Revue encyclopédique . En juillet 1828, l’exil lui pesant, il regagne Béthune et se constitue prisonnier. Rejugé quelques semaines plus tard, il est acquitté par la cour d’assises de Saint-Omer. Le 28 septembre, grâce au soutien de l’avocat Charles Ledru et l’aide financière de François Corne de Brillemont et Charles Harlé d’Ophore, il fonde le Propagateur du Pas-de-Calais, dont la devise est «le roi et la charte». Très vite, le journal se fait le porte-parole des libéraux. En application des ordonnances signés par le roi Charles X, en juillet 1930, l’autorisation de paraître lui est retirée, ses presses sont scellées. Il ne peut reparaître que le 4 août, Charles X ayant laissé la place à Louis-Philippe. Très rapidement, déçu par le nouveau régime, Degeorge s’affirme républicain et le journal est en butte à de nombreuses poursuites qui, à chaque fois, se soldent par un acquittement. Après la loi de septembre 1835, certains actionnaires ne consentent à payer l’augmentation du cautionnement exigée par la loi que si le journal modifie sa politique, ce que la rédaction refuse. En décembre, de nouvelles poursuites sont engagées après la sortie de L’Almanach populaire du Pas-de-Calais que la société éditrice du Propagateur publie depuis 1834. Cette fois-ci, elles sont fatales au Propagateur dont le dernier numéro paraît le 31 décembre 1834. Dès le 4 janvier 1836, Le Progrès du Pas-de-Calais prend la suite grâce au soutien de Corne de Brillemont et d’Edouard Degouves-Denuncques. Dès le mois de mai, Degeorge se retrouve devant la cour d’assises. Les poursuites continuent à bonne cadence, et, en mars 1842, le journal affiche vingt-sept procès et… vingt-sept acquittements. Cependant dès le mois d’août, il annonce «ne plus vouloir offrir aucun prétexte aux ennemis de la presse patriote de [le] traduire aux assises». En juillet de la même année, il ouvre ses colonnes au prisonnier de Ham, Louis-Napoléon Bonaparte, qui, en mai 1844, y publie une série d’articles sous le titre «Extinction du paupérisme». Le journal semble rencontrer un certain succès ouvrant une deuxième édition et passant à la périodicité quotidienne. Après la révolution de février 1848, Frédéric Degeorge est nommé commissaire du gouvernement dans le Pas-de-Calais, le 23 avril, il est élu à l’Assemblée constituante, mais est battu lors des élections législatives du 13 mai. Lors de l’élection présidentielle, il soutient Cavaignac contre Louis-Napoléon dont il ne conteste pas la sincérité, mais dans lequel il ne voit qu’un «instrument» aux mains de ceux qui veulent rétablir la monarchie. En 1851, pas question d’accepter la réforme de la constitution proposée par le prince-président et au lendemain du coup d’Etat du 2 décembre, Le Progrès est suspendu pendant deux mois . Encore ne peut-il reprendre sa parution, le 8 février 1852, que sur intervention de Louis-Napoléon. Candidat au Corps législatif, le 29 février 1852, alors que son journal est probablement à son zénith avec un tirage de 2200 exemplaires, Degeorge est battu et reprend sa place de rédacteur en chef. Le Progrès est averti plusieurs fois, la publication des annonces légales, source de revenus non négligeable pour tout périodique, lui est refusée par le préfets successifs du Pas-de-Calais.

A la fin de l’année 1853, la santé de Frédéric Degeorge se dégrade. En mars 1854, il est interné à Paris où il meurt le 22 juillet. Quelques jours plus tard, à Arras, une foule importante assiste à ses funérailles.

Membre de l’Académie d’Arras, Frédéric Degeorge avait également collaboré à plusieurs journaux nationaux. En 1834, il avait lancé avec le lillois Vincent Leleux, un éphémère journal populaire à dix centimes le numéro, L’Union.