COUAILHAC Victor

Frère des journalistes Louis et Gabriel Couailhac, Victor Henri Pierre Couailhac est né en 1814 à Auxey en Côte-d’Or, au gré des pérégrinations artistiques de ses parents. Il suit d’ailleurs leurs traces devenant artiste dramatique sous le pseudonyme d’Eugène Fradelle. Dans son Dictionnaire des comédiens français, Henry Lyonnet le signale en 1834 à Douai dans le rôle de « troisième amoureux ». En 1835 à Lyon, il fait ses débuts comme ténor dans une comédie mêlée de chants, Une Heure de mariage. Durant les années suivantes, Le Charivari se montre d’ailleurs élogieux sur ses prestations. Le 1er août 1838, il écrit encore : « Le jeune Fradelle se distingue par une aisance et une bonne compagnie qui deviennent de plus en plus rares au théâtre. » Les années passées dans l’ombre de ses parents ou sur scène lui inspireront en 1863 un ouvrage La Vie de Théâtre. Plusieurs anecdotes ont d’ailleurs pour cadre Lille et son théâtre. Victor Couailhac rapporte combien, malgré, depuis l’abolition des privilèges, la levée des interdits pesant sur les comédiens, leurs droits leur sont loin d’être respectés. Ainsi, en 1810, faut-il l’intervention du préfet du Nord auprès du ministre de l’Intérieur pour que l’union de ses parents, déjà mariés civilement, soit consacrée par l’Eglise, l’archevêque de Cambrai ayant opposé un refus. Un peu plus loin, il dévoile les tarifs de « la claque » qui fait le succès de certaines pièces dans les théâtres parisiens.

C’est cependant à l’écriture romanesque et théâtrale que Victor Couailhac doit sa notoriété tant sous le Second Empire qu’au début de la IIIe République. Seul ou en collaboration, notamment avec son frère Louis, il est en effet l’auteur, sous son nom ou sous le pseudonyme de Fradelle, de nombreuses comédies-vaudevilles (Une Noce aux vendanges de Bourgogne, Mariette, Le Roi des goguettes, Arrêtons les frais !, La belle Cauchoise…), de plusieurs romans salués par la critique (Jeanne Maillotte, Les Drames de l’espionnage). Il est également librettiste (Ah ! le divorce !, Chandernagor).

Selon Charles Simon, directeur du quotidien Le Petit Nord qui lui rendit hommage lors de ses funérailles le 10 juin 1888, « La République n’a pas eu de soutien plus dévoué, plus ferme, plus constant. »

Selon cette même source, Victor Couailhac aurait, après la révolution de 1848, « administré le département du Gers ». Le Messager des théâtres et des arts l’annonce directeur du théâtre de Toulouse. Par la suite, il est chargé de la sténographie des séances de l’Assemblée nationale pour le quotidien parisien La République, dirigé par Eugène Bareste. On retrouve également sa signature dans Le Moniteur industriel où il traite de l’industrie du coton, des procédés de fabrication dans la métallurgie. Toujours selon Charles Simon, il est, au lendemain du 2 décembre 1851, contraint à un long exil. Rentré en France, il collabore, à la fin des années 1850, à La Gazette de Paris et à La Gazette nationale.

De 1878 à 1888, il collabore au quotidien lillois Le Petit Nord des frères Simon, livrant régulièrement contes et feuilletons, participant à l’almanach publié chaque année par le journal.  Parallèlement, de 1880 à 1882, il dirige l’hebdomadaire Le Bonhomme flamand, journal illustré des Flandres et d’Artois littéraire, commercial, financier, de mode, d’hygiène et de renseignements régionaux.

En février 1886, avec son confrère Henri Velh de L’Echo du Nord, il présente au théâtre de Lille une revue en cinq tableaux Lille excentric qui « a obtenu, dit la presse parisienne, un vif succès ». Il meurt le 8 juin 1888 à Lille des suites d’une longue maladie. Victor Couailhac était membre de la Société des gens de Lettres.