Émile Bouchet, anarchiste semble-t-il, après un rapide passage au Parti ouvrier, se mit au service de l’Union sociale et patriotique. L’U.S.P., formation regroupant les républicains opportunistes et les républicains « ralliés » tel Reboux et son Journal de Roubaix , avait pour but de remplacer le maire Carrette et son équipe du Parti ouvrier français par Gaston Motte, industriel roubaisien. Émile Bouchet, dit aussi Doudelet, est donc rédacteur au Roubaisien , hebdomadaire satirique animé par Deschamps, où il utilise plusieurs pseudonymes. La Lutte , hebdomadaire radical-socialiste, écrit, dans son numéro du 1 er avril 1896 : « ce morceau est signé du caméléon imberbe, C. Lemaime, Émile Boucher dit Doudelet, rédacteur au Roubaisien ». L’historien Jean Piat, utilisant un article du Cri du 8 juin 1921, accuse un certain nombre d’anarchistes d’avoir pactisé, en 1896, avec l’Union sociale et patriotique de Motte, et d’avoir reçu de ce dernier des sommes rondelettes en échange de leurs services : dénonciations de leurs camarades, informations sur les mouvements sociaux, création d’une liste destinée à gêner les socialistes aux élections municipales de 1896. Le seul nom cité est celui d’Émile Bouchet, qui aurait fourni un article chaque semaine au Roubaisien . Jean Piat précise d’ailleurs ses accusations dans son Jean Lebas : « Après un bref passage au Parti ouvrier de 1889 à 1894, il [Émile Bouchet] s’était mis au service de l’Union sociale et patriotique d’Eugène Motte en 1896. Moyennant une rétribution hebdomadaire à partager avec quelques compagnons, et cinq francs pour lui-même, il donnait chaque semaine au journal Le Roubaisien , un article dans lequel il traînait dans la boue ses anciens camarades. Un peu plus tard, il était devenu reporter à La Libre Parole , organe férocement antisémite. »