BOLVIN Charles

Fils d’un employé des Chemins de fer du Nord, Charles Emile Bolvin embrasse d’abord la carrière des armes qu’il quitte après cinq ans de service avec le grade de sergent. «Son intelligence vive, son esprit, sa perception nette des choses, son entrain primesautier, écrit le 6 décembre 1923 dans Le Nord maritime Albert Salignon, lui facilitèrent ses débuts dans le journalisme.» Charles Bolvin entre en effet dans le quotidien dunkerquois tout juste créé par Chiroutre comme vendeur de journaux, puis reporter. En 1895, la police ne se montre guère tendre à son égard tant sur le plan personnel que professionnel : «Sans instruction, peu capable de rédiger lui-même un article sérieux, il est souvent le prête-nom des réactionnaires qui veulent calomnier sans se faire connaître.» Fait-diversier, le 18 mai, il vient d’être condamné à douze jours de prison, 2400 F d’amende et 3600 F de dommages et intérêts pour diffamation. Il l’a déjà été en juillet 1892 pour coups et blessures et outrages à un officier. Selon Henri Langlais, président de l’Association professionnelle des journalistes du Nord, il est ensuite rédacteur à l’agences Havas. A la fin des années 1890, il rejoint Le Phare de Nord où il est successivement reporter, chef des informations puis codirecteur. La réputation de l’homme a probablement évolué, le 28 octobre 1908, il est en effet nommé officier d’Académie. Bien qu’âgé de plus de 47 ans, donc exempt de toute obligation militaire, Charles Bolvin s’engage dès le début de la guerre le 6 août 1914 au 110 e RI. Dès octobre, il est nommé adjudant et reçoit la médaille militaire. Soldat courageux et exemplaire, il est blessé par des éclats d’obus le 16 février 1915 à Mesnil-les-Hurlus dans la première bataille de Champagne. Elevé au grade de sous-lieutenant en mars, il est nommé, en juillet 1916, adjoint au commandant du camp de Caussade en Dordogne et reçoit, en octobre, la croix de Guerre avec palme. Il termine la guerre avec le grade de lieutenant. Lorsqu’il retrouve la vie civile, Charles Bolvin reprend son métier de journaliste au Nord maritime où il est chargé de la rubrique maritime et signe sous le pseudonyme de Jean des Darses une chronique, «ca et là» où «il apportait, dit son rédacteur en chef, toute l’originalité de son style, la variété inépuisable de ses souvenirs, sa parfaite connaissance du terroir, un humour malicieux et, parfois caché sous des mots qui faisaient surtout rire, une verve caustique habilement dosée». Il est également le rédacteur-correspondant du Grand Echo du Nord pour l’arrondissement de Dunkerque, mais aussi de journaux parisiens. Toujours très actif – il était membre de l’Association professionnelle des journalistes du Nord, du groupement des journalistes professionnels de Dunkerque, du Comité d’initiative de Dunkerque-Malo-les-Bains – il meurt brusquement à l’âge de 56 ans. Lors de ses funérailles, plusieurs personnalités lui rendent hommage.