Alphonse Bianchi naquit fils unique d’un émigré italien et d’une mère française. Il passa sa jeunesse rue des Chats-bossus, à Lille, à deux pas du magasin de broderie du père des frères Testelin. Il fréquenta le collège communal et monta à Paris pour faire des études de droit. Il voulait devenir avocat, mais en fut empêché par une condamnation politique. Il revint à Lille en 1837 pour exercer la profession de mouleur en plâtre comme son père et épousa Jenny Hortense Henripré, qui lui donna six enfants. Ayant fait la connaissance de Vincent Leleux, propriétaire de L’Écho du Nord, il publia anonymement nombre d’articles et de satires dans son journal. En 1841, il fonda la Société des Amis de Béranger avec Célestin Schneider et le compositeur d’imprimerie A. Jomain, également gérant d’un cahier de chansons mensuel les Publications lilloises , où l’on trouve des compositions de Alexandre Desrousseaux et de Decottignies, le poète roubaisien. Cette société chantante attirait tous les opposants au régime. En 1843, Bianchi fonde avec François Fémy Le Barbier de Lille (1843-1846), d’abord journal littéraire et satirique vite transformé en journal politique : « La pensée politique du Barbier de Lille est démocratique. Nous croyons que tous les citoyens devraient être égaux devant la loi comme ils le sont devant Dieu, Nous croyons qu’ils ont tous droit à la somme de liberté qui ne porte pas préjudice à la liberté d’autrui. » Le Barbier de Lille n’est pas socialiste : sans remettre en cause le principe de la propriété, Bianchi se lance dans la recherche des « moyens les plus propres à diminuer la misère qui pèse sur les travailleurs ». Partisan de la liberté de conscience, tolérant à l’égard de tous les cultes, Bianchi veut malgré tout que l’éducation soit dispensée à tous par l’Université. En mai 1846, Le Barbier de Lille devient Le Messager du Nord , organe de la «démocratie avancée», si radical qu’il fut interdit en décembre 1851. Bianchi a participé avec Testelin, Fémy et quelques autres à l’organisation de la campagne des banquets de 1847. L’année suivante, il est président du Club central républicain qui centralisait le travail de tous les clubs républicains du département. Bianchi est alors très populaire auprès des ouvriers de Lille et au-delà. Il passe pour le chef des républicains ; son esprit fougueux lui vaut quelques inimitiés qui l’amènent plusieurs fois sur le pré, par exemple contre Sauvé, rédacteur du journal littéraire de Wazemmes, Le Moulin-à-vent . En 1849, il est naturalisé français. Membre du conseil municipal et du conseil général, il doit se réfugier en Belgique après le coup d’Etat de 1851. Il en fut expulsé vers l’Angleterre ; de là, il passa à Jersey, où il participa comme rédacteur et correcteur au journal L’Homme . À Jersey, Bianchi, franc-maçon lillois de la loge La Fidélité, fréquente la loge La Césarée n° 860, d’abord en tant que visiteur à partir du 11 novembre 1853, puis très régulièrement en tant que membre jusqu’au 22 septembre 1856, en même temps que Pierre Leroux. De Jersey, il gagna Genève où il profita de l’amnistie de 1859 pour rentrer en France. En 1865, il prit la direction de L’Écho populaire de Lille , avec Fémy, P. Lepercq, Huidiez et Hippolyte Verly. L’année suivante, il fonda avec les mêmes Le Messager populaire de Lille , qui dura cinq mois. Bianchi, qui fut aussi poète, a également collaboré à La Revue du Nord , et à L’Atelier (Paris). Il est enterré à Lille. Sa tombe se trouve au cimetière de l’Est (C 10 face C 12). Elle porte un sceau maçonnique comme ornement.