Fils du maire d’Etaples, Nicolas César Souquet qui reçut par deux fois Napoléon Bonaparte lors du camp de Boulogne, Gustave Souquet, né le 27 avril 1805, fut élève au collège Sainte-Barbe à Paris, puis apprenti chez Didot toujours à Paris et enfin à l’imprimerie Le Roy-Berger à Boulogne-sur-Mer. Là, il invente un outil de typographie, le justificateur, qui lui vaut la médaille de la Société d’agriculture, de commerce et des arts de Boulogne-sur-Mer. Enfin, le 20 septembre 1825, il obtient son brevet d’imprimeur. Ayant acquis la même année l’imprimerie Louis Leducq de Fontaine, qui édita de mai 1816 à juin 1819 Le Journal du département du Pas-de-Calais, il s’installe à Arras où il imprime des ouvrages historiques et scientifiques, mais aussi les Mémoires de l’Académie d’Arras. En janvier 1826, il lance la Revue départementale ou feuille judiciaire, commerciale et administrative de la ville d’Arras . En septembre, il fonde Le Journal de l’arrondissement de Montreuil et en mai 1827 Le Journal de l’arrondissement de Saint-Pol. En novembre 1828, un prospectus annonçant la sortie d’un nouveau journal Le Propagateur informe les lecteurs de la Revue départementale d’un accord entre les propriétaires des deux titres: «A partir du 15 novembre la Revue départementale cessera de paraître et les abonnés de cette feuille recevront jusqu’au 1 er janvier 1829 les numéros du Propagateur en remplacement de leur abonnement.» Imprimeur du Propagateur, journal libéral dirigé par Frédéric Degeorge, Gustave Souquet participe également à sa rédaction. Dès novembre, il manifeste son intention de transmettre son affaire, mais son successeur est refusé par le ministre de l’Intérieur. Le 28 juillet 1830, le journal, dont la devise est «le roi et la charte», est interdit de publication par les ordonnances de Charles X, Souquet refuse cependant de se soumettre. Ses presses sont scellées puis saisies. Le journal ne reparaît que le 4 août, portant les dates «du vendredi 30 juillet au mercredi 4 août». La rédaction rapportealors :«Les scellés placés sur nos presses, l’enlèvement postérieur de tous les caractères de notre imprimerie nous ont empêché de paraître jusqu’à ce jour. […] Sur les quatre presses saisies, deux ont été cassées dans le déménagement, la nature de cet accident les met hors d’état de servir.» Cependant ajoute-t-elle le 20 août: « Le Propagateur n’avait pas moins continué à paraître: une presse et quelques casses de caractères, qu’on était parvenu à soustraire aux perquisitions de l’autorité,fournirent pendant toute la durée de la crise à l’impression du journal condamné.» L’ex-préfet du Pas-de-Calais Blin de Bourdon, l’ex-secrétaire général Rivière et l’ex-maire d’Arras Hauteclocque qui avaient ordonné la saisie et l’enlèvement des presses, furent condamnés à payer une somme de 3000 F à titre de dommages et intérêts à Souquet. Le nouveau préfet lui accorde même le titre d’imprimeur de la préfecture, recommande Le Propagateur aux maires du département. Le journal glisse cependant vers une opposition au régime et, en juin 1831, après la nomination d’un nouveau préfet, le baron Alexandre Daniel de Talleyrand, Souquet perd les travaux d’impression de la préfecture. Une «pétition adressée à MM. les députés de France contre M. le baron de Talleyrand, préfet du Pas-de-Calais» n’y fait rien. En 1833, Souquet cède son imprimerie à Jean Degeorge, frère du directeur du Propagateur, et regagne sa ville natale où il reprend l’affaire de négoce de ses ancêtres. Loin de la presse et de l’imprimerie, il devient maire adjoint de sa commune de 1843 à 1848, assume les fonctions de vice-consul de Belgique, des Pays-Bas, des pays scandinaves, d’Espagne,… En mars 1853, il est nommé capitaine de la compagnie des sapeurs-pompiers de sa ville. Archéologue, historien de sa ville et de sa région, collectionneur, il participe à diverses recherches archéologiques, donne des communications aux nombreuses sociétés savantes dont il fait partie, publie plusieurs brochures ou ouvrages. Enfin passionné de photographie, il est membre de la Société boulonnaise de photographie, fondée en 1856 et laisse de nombreux documents aujourd’hui conservés au musée Quentovic d’Etaples.